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El Gusto

~ Le blog officiel du film de Safinez Bousbia.

El Gusto

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Notre entretien exclusif avec le chanteur et musicien Luc Cherki !

05 jeudi Jan 2012

Posted by espritplume in Interviews

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 El Gusto m’a replongé cinquante ans en arrière.

Les affres de l’Histoire n’ont pas de prise sur la musique du chanteur et musicien Luc Cherki. Né en 1933 à Alger, il suit sa famille en France en 1940, dans l’espoir d’un monde meilleur. Mais le décès de son père et le climat inquiétant de l’Occupation en France poussent sa mère à rentrer avec ses enfants en Algérie. Il y découvre, fasciné, la musique chaâbi, cette musique orientale chantée par le peuple d’Alger. En 1955, il doit quitter Alger et s’installe à Paris où il ne tarde pas à vivre de son art. Rencontre avec une personnalité aussi courageuse que chaleureuse.

Comment avez-vous été séduit par l’univers du chaâbi ?

Cela m’a pris très jeune. Dès l’âge de huit ans, j’apprenais des chansons d’El Anka. C’était le maître incontesté du chaâbi. J’aimais tellement ça que lors des Nuits du Ramadan, au square Bresson, à Alger, où était organisé un gala avec des artistes, je parvenais à resquiller. J’y ai découvert une musique qui m’enchantait. Avec ces artistes très connus : Hadj Mrizek, Lili Boniche, Lili Labassi et Hadj Mnaouar qui ont bercé mon enfance. J’ai commencé à rêver de devenir chanteur chaâbi, moi aussi. Ma mère m’a emmené d’abord voir des artistes juifs qui n’ont jamais voulu m’apprendre cette musique. Mes profs étaient donc des musulmans.

Vous êtes allé au conservatoire d’Alger ?

Tout à fait, j’avais pour maître le professeur Abdelghani Belkaid qui était directeur de Radio Alger. Je n’étais pas dans la classe d’El Anka mais j’ai appris la musique. Et à la suite d’un concours, je suis sorti second (sur 80 élèves !). Quand j’ai eu 18 ans, j’ai été me présenter à Radio Alger qui diffusait des émissions en langue arabe (je chantais moi-même en langue arabe !). Et là on m’a fait un contrat pour chanter une fois par mois pendant 55 minutes.

J’ai une petite anecdote à ce sujet : à la radio, vous savez, il y a le bouton rouge pour indiquer que vous pouvez discuter tranquillement et le bouton vert qui signale que vous passez à l’antenne. C’était ma première émission. Alors, ils annoncent la venue d’un chanteur, c’était le grand maître El Anka ! Le bouton vire au vert et je reste pétrifié, incapable de proférer un son pendant au moins trente secondes…. (rires)

Quand avez-vous dû quitter Alger ?

A cette époque, je commençais à prendre un peu d’assurance. J’avais des galas à travers l’Algérie et même au Maroc. Mais les prémices de l’histoire ont fait que j’ai été obligé de partir. Je suis parti en 1955 à Paris. Là je chantais dans un cabaret oriental, tous les soirs. Le cachet était de dix francs par jour avec le repas. C’était pas si mal pour l’époque ! (rires)

Comment se sont passées ces premières années à Paris ?

J’avais toujours un petit orchestre oriental avec les instruments traditionnels (la darbouka, le tambourin, le violon qu’on jouait sur les genoux, tout ça). Mais en France, les jeunes ne connaissaient pas les chansons orientales. Alors j’ai eu l’idée de mettre en place un nouvel orchestre, c’est-à-dire composé d’une batterie, d’une guitare basse, d’une guitare rythmique et d’un clavier. Ça marchait plutôt bien.

Quelle a été votre rencontre marquante dans l’univers musical français ?

J’ai rencontré un peu plus tard Eddy Barclay qui m’a proposé de faire un album. On a fait ensemble douze chansons. L’album s’appelait Le Mariage juif. On l’a vendu à 50 000 exemplaires sans passer à la radio (singulier !!) ni à la télé. J’ai fait des galas à travers la France (Marseille, Lyon, Lille, etc.) puis à l’étranger : la Suisse, la Belgique et même les USA !

C’était un rythme très intense parce que pendant une douzaine d’années, j’ai fait quand même une centaine de galas par an. Alors que sur moi, il n’y avait pas beaucoup de publicité. Bon, je suis passé cinq ou six fois à la télé, mais je n’étais pas connu.

Comment est-ce que vous écrivez ?

C’est d’abord une question d’inspiration. Je ne m’assois pas avec ma guitare pour dire « je vais composer ». Je joue de la guitare pour moi. Et je trouve des notes qui me plaisent et je me dis « je devrais faire une chanson sur ces notes-là. Ensuite, il faut trouver un thème qui va marcher avec ces notes. Et j’arrive ainsi à composer des morceaux comme Alger, Algeria, Le Disque oriental, Je suis Pied noir… Pour écrire les textes, ça se passe toujours la nuit. Je me mets dans mon lit, j’éteins la lumière, et s’il y a quelque chose qui me revient : j’allume la lumière, je me relève ! Et ainsi de suite, ça peut aller jusqu’à six heures du matin…

Dans les années 80, on vous propose même un concert à l’Olympia ?…

Oui, en effet, en 1980, j’ai été contacté par le neveu de Bruno Coquatrix qui m’a proposé de faire un gala unique. On a choisi une date, c’était le 7 décembre 1981. Cela tombait au moment où Yves Montand faisait l’Olympia et il n’y avait que les lundis de libre. On a donc choisi un lundi. L’inconvénient était qu’il ne fallait pas dérégler la sono, ni l’éclairage de Monsieur Montand. Mais on a fait un très beau gala. Ensuite, j’ai préféré raccrocher un peu. Avec mon ex-épouse, on a été fabricants de prêt-à-porter.

Mais alors, quand avez-vous accepté de revenir sur scène ?

Ce n’est que quinze ans plus tard, en 1995. J’ai été contacté par l’Institut du Monde Arabe pour faire un gala. Sous l’insistance de quelques journalistes de la radio, j’ai accepté de refaire des galas mais à la condition que je pouvais les choisir moi-même. A mon propre rythme.

Comment êtes-vous entré en contact avec Safinez Bousbia ?

Un jour Safinez m’a téléphoné. Elle m’a dit : « écoutez, j’envisage de réunir des musiciens juifs et des musiciens musulmans pour faire un orchestre avec les anciennes chansons du chaâbi. » J’ai invité Safinez à venir chez moi pour qu’on discute.

Quels souvenirs gardez-vous de ces premiers concerts d’El Gusto ?

Ma première satisfaction, c’était de retrouver tous les musiciens que j’avais connus à l’époque d’Alger et de la Casbah. J’en ai revu pas mal. Il y avait aussi des nouveaux que je ne connaissais pas.

Avant El Gusto, il ne m’était jamais arrivé d’être accompagné par deux pianistes. J’ai accompagné aussi d’autres chanteurs. Quand je chantais, il y avait quand même une quarantaine de musiciens derrière moi (rires).

Comment définiriez-vous l’esprit du groupe ?

Tous autant que nous sommes, nous avons été très contents de nous retrouver. Comme au temps de la Casbah d’Alger. Ça m’a replongé cinquante ans en arrière. Un vrai bain de jouvence !

Entretien réalisé à Paris, le 30 novembre 2011, par Laetitia Heurteau.

 A (re)découvrir, les albums de Luc Cherki :

Le Mariage juif

Alger, Algeria

Mazal

Entretien exclusif avec la réalisatrice Safinez Bousbia – Deuxième partie

20 mardi Déc 2011

Posted by espritplume in Interviews, Uncategorized

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 J’ai découvert un métier que j’adore aujourd’hui et que je souhaite poursuivre.

Un souvenir de concert en particulier ?…

Ils étaient tous particuliers ces concerts. (Rires) Marseille, surtout. C’était le premier. Ils n’avaient pas joué encore ensemble. On était tous dans le stress. Mais c’était super parce que le concert devait faire 1h30 et il a duré 3h30 ! Il y avait tous les gens derrière moi qui me disaient : « mais il faut qu’ils libèrent la salle ! ». Et le public est resté jusqu’au bout ; il y avait même des gens qui pleuraient. L’ambiance était vraiment sympa. Marseille était un des concerts qui m’a le plus marquée.

Il y avait aussi au concert de Bercy, le musicien qui joue du tambourin et qui prenait le public en photo. Je trouvais ça trop mignon : il faisait ça pour ramener avec lui les photos au bled et qu’il montre à sa famille et ses amis pour qui il avait joué.

Comment avez-vous choisi vos lieux à Alger pour le tournage ?

En fin de compte, j’ai écouté les musiciens me parler d’Alger pendant très longtemps. Ils me parlaient d’endroits mythiques, donc j’ai essayé de les retrouver. Pour certains, on a essayé de recréer l’ambiance de l’époque avec les musiciens, et pour ceux qui étaient fermés, on a juste tourné en dehors pour les montrer.

Les entretiens avec les musiciens ont-ils été écrits ?

Non. Mais je savais comment orienter mon entretien. Il faut dire que je les connaissais très bien; cela faisait plusieurs années que j’étais en relation avec eux. J’avais réussi à gagner leur confiance. Mais par exemple lors du tournage chez Luc Cherki, j’avais une pneumonie sévère, lors des derniers jours de tournage. J’arrive chez Luc et je lui dit : « surtout, tu me parles, tu me parles !… » J’étais allongée sur le haut de la péniche pour ne pas tousser.

Comment définiriez-vous l’état d’esprit d’El Gusto et celui du documentaire ?

C’est très similaire, bien sûr. Quand on voit le film, certes on rigole, on s’amuse mais on pleure aussi. Et la naissance de ce projet était tout aussi douloureuse que joyeuse à la fois (rires) Pour les musiciens, ça représentait le rêve de rejouer ensemble, de s’exercer et reconquérir la scène. Pour moi, c’était d’aller jusqu’au bout de cette aventure. Découvrir un métier que j’adore faire aujourd’hui et que je souhaite poursuivre. Apporter aux musiciens autant que ce que j’ai reçu d’eux.

Vous souhaitez donc poursuivre dans la production et dans la réalisation ?

Tout à fait. L’orchestre tourne et a sa vie propre à présent. Je continue à rester en contact avec les musiciens. Mais de mon côté, je prépare mon prochain film qui sera une fiction, cette fois-ci. Il est en cours d’écriture donc je n’en dis pas plus (Rires).

Entretien réalisé à Paris, le 30 novembre.

Entretien exclusif avec la réalisatrice Safinez Bousbia – Première partie

16 vendredi Déc 2011

Posted by espritplume in Interviews

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C’est en rencontrant ces musiciens que je me suis dit qu’il y avait une belle histoire à raconter.

En franchissant le seuil d’un miroitier de la Casbah d’Alger en 2004, Safinez Bousbia ne se doutait pas alors dans quelle étrange aventure, elle allait s’engouffrer. Après avoir réuni plus d’une quarantaine de musiciens chaâbi (musique populaire d’Alger) juifs et arabes confondus et séparés depuis cinquante ans, Safinez Bousbia parvient à la création d’un album en 2007. Le groupe El Gusto (qui signifie « la bonne humeur ») est né.

L’idée de filmer les origines de la séparation, les retrouvailles émouvantes, et la culture chaâbi devient alors primordiale pour la jeune productrice, prête à hypothéquer sa maison pour concrétiser son projet.

Parlez-nous un peu de vos origines et de votre enfance ?

Je suis née à Alger et l’ai quittée à l’âge de huit mois. Mes parents sont tous deux Algériens mais ne vivent plus là-bas depuis longtemps. J’ai vécu un peu partout en Europe, notamment dans le cadre de mes études. J’ai fait un master en architecture du cinéma : on créait des plateaux pour la télé, le cinéma, le théâtre et j’ai choisi de continuer mon cursus en Irlande pour. Ensuite, j’ai été happée par l’univers d’El Gusto, en découvrant Alger…

Comment justement a démarré l’aventure El Gusto ?

J’habitais en Irlande et lors d’une soirée avec une copine, on a décidé de partir à Alger et de jouer aux touristes. On se promenait dans la Casbah et là, on découvre de très jolis miroirs peints à la main. On entre pour acheter. Et le miroitier, Monsieur Ferkioui, commence à me raconter l’histoire d’un groupe de musiciens. Il m’apprend qu’il a appris la musique au conservatoire municipal d’Alger, dans une classe qui était dirigée par El Anka, le fondateur de la musique populaire chaâbi.

Monsieur Ferkioui me raconte qu’il a perdu de vue tous ses amis avec qui il avait appris la musique. Donc je décide de partir à la recherche de ces musiciens, au départ juste pour mettre en contact le miroitier avec ses amis, et non pour faire un film. Mais c’est en rencontrant ces musiciens que je me suis dit qu’il y avait une très belle histoire à raconter et à porter à l’écran.

Concrètement, ça s’est passé comment ?

J’ai commencé à chercher des producteurs et des réalisateurs. Malheureusement, tout le monde trouvait l’idée magnifique mais trop chère à réaliser. Ça n’était pas assez commercial, trop compliqué. C’est comme ça que je me suis retrouvée à le faire moi-même !

J’ai donc vendu ma maison, hypothéqué certains biens, et j’ai mis une première somme d’argent pour avancer le projet. Et à partir de là, j’ai commencé à avoir des images et les gens se sont mis à croire dans le projet et à suivre l’aventure.

Comment s’est passée l’écriture du documentaire ?

On avait prévu au début que les musiciens juifs viendraient à Alger et on a tout organisé en 2006 pour que ça soit le cas. Or, deux semaines avant le concert, il y a eu des événements à Alger et des deux côtés, c’est devenu trop compliqué pour continuer. C’était ou arrêter le film sur le fait qu’on n’avait pas pu les réunir ou rechercher de nouveaux financements pour faire un nouveau film.

Pour la deuxième fois, je n’ai pas voulu écrire. J’ai essayé juste de remonter l’histoire autrement.

Parce qu’avec un documentaire, il y a plein de choses non prévues qui se passent et qui changent votre écriture.

Entretien réalisé à Paris, le 30 novembre 2011.

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